Grande galerie, Petite Galerie

Kaz Oshiro, Dario Robleto, Frances Trombly, Xu Bing et Jonathan Allen
MANIF 10

Type de projet

Exposition

Date

19 février au 24 avril 2022

Vernissage

Site web

Le projet

MANIF 10

La 10e édition de la Manif d’art – La biennale de Québec se déploie dans une multitude de centres de diffusion et autres lieux à travers la ville de Québec, chaque exposition se rattachant au thème central, tout en formulant ses propres questions et réflexions. Les illusions sont réelles se penche sur la prolifération de l’artifice dans nos vies, qu’il s’agisse des saveurs synthétiques, des photographies manipulées, des conspirations virales, des rhétoriques politiques, de l’intelligence artificielle, de la réalité virtuelle, des « hypertrucages » (deepfakes) ou des identités inventés que nous adoptons en ligne. Si l’histoire des demi-vérités remonte en gros à l’origine de l’humanité, l’accélération, la multiplication et l’omniprésence du mensonge à l’époque des médias sociaux a conduit certains à parler d’ère « post-vérité ». Cette biennale explore ce terrain déconcertant sous divers angles en réunissant des artistes du monde entier qui, à travers leurs démarches captivantes, construisent et déconstruisent des illusions pour mettre en lumière le caractère à la fois séduisant et risqué de ce phénomène croissant.

À l’Œil de Poisson, les deux expositions présentées dans le cadre de la Biennale s’intéressent à la question du théâtre de l’illusion. La réunion des artistes Oshiro, Robleto, Trombly et Bing met à l’honneur la complexité d’objets qui, simples en apparence, entraînent dans des mondes inattendus ceux qui y jettent un deuxième – et un troisième – regard. Xu Bing ouvre la voie avec sa série évolutive Background Story transformant des déchets et des débris en de fascinants facsimilés de rouleaux enluminés de l’art traditionnel chinois. Kaz Oshiro contribue également à une tradition séculaire de peinture en trompe-l’œil en fabriquant des poutres d’acier au moyen de toile et de peinture, tandis que Frances Trombly se saisit de toiles non peintes en tissant à la main chaque fil de ce substrat ancestral. De même, Dario Robleto dirige notre regard vers de délicates curiosités qui renferment en elles une séduisante alchimie, tout en nous poussant à imaginer les scénarios qu’évoquent ses brèves descriptions.

Dans la salle adjacente, l’artiste-magicien Jonathan Allen présente des artefacts associés à son personnage de scène et alter ego Tommy Angel, personnage qui marie ostensiblement machinations politiques et zèle religieux d’une manière tout à fait pertinente face à la montée des autocrates et des extrémistes dans le monde. Allen traite également de l’économie en pleine croissance des cryptomonnaies et de la mystification qui en découle en réunissant une série de billets de banque commandés à des magiciens du monde entier – demandant implicitement à qui et comment nous faisons confiance aujourd’hui.

À propos de l'artiste

Kaz Oshiro, Dario Robleto, Frances Trombly, Xu Bing et Jonathan Allen

DARIO ROBLETO
Sculptures.

 

Dario Robleto amasse des artefacts d’une forte teneur symbolique et les soumet à des transformations alchimiques en les fusionnant à d’autres matériaux chargés de sens, qu’il manipule pour les refaçonner en nouveaux objets.

 

 

 

FRANCES TROMBLY
Oeuvres textiles.

 

C’est par le tissage et la broderie que Frances Trombly réalise des imitations d’objets ordinaires issus de la production de masse et qu’on a tendance à négliger. À première vue, ses objets méticuleusement confectionnés pourraient passer pour des ready-made simplement déposés en galerie. Un examen plus attentif révèle qu’il s’agit en fait de simulacres infiniment détaillés résultant d’un labeur de longue haleine. Par ce jeu de mimétisme fallacieux, l’artiste aborde les relations que nous entretenons avec les objets anodins qui habitent le quotidien.

 

 

JONATHAN ALLEN
Installations et affiche.

 

Une centaine de « billets de banque magiques » sont disposés sur les étagères d’une vitrine murale dans la petite galerie de l’Œil de Poisson. Ces archives ésotériques, qui prospéraient chez les prestidigitateurs d’autrefois, occupaient une double fonction : accessoires pour les tours de magie, elles contribuaient également à la dissémination de leur autopromotion. En plein âge d’or de l’illusionnisme théâtral, aux 19e et 20e siècles, les magiciens en quête de reconnaissance produisaient des espèces de ce type, à leur image. Simulacres de véritables billets, ces documents éphémères en reprennent les codes visuels et ornementaux. Avec leurs éléments dessinés à la main, leurs effigies à l’image des performeurs et leurs inscriptions décalées, ils parodient le langage des institutions bancaires. On peut y lire des canulars en référence à l’univers de la finance tels que les « United Snakes of America », ou encore la « Bank of Neverpay ».

 

 

 

KAZ OSHIRO
Three Steel Beams, 2016, installation.

 

Three Steel Beams reproduit un amas de poutres d’acier au détail près, allant même jusqu’à leurs traces d’usure subtiles. Le faux ready-made renvoie ici à un objet emblématique de la modernité industrielle, sorte de clin d’œil aux fondements théoriques de la démarche d’Oshiro. À la croisée du modernisme pictural et de l’art conceptuel, il interroge l’essence même de l’œuvre d’art en plus de cultiver un intérêt pour l’histoire de la représentation et de sa reproductibilité.

 

 

 

XU BING
Background story : Peach Blossom Valley, 2020, installation sculpturale.

 

Les installations de Xu Bing semblent présenter de la peinture chinoise traditionnelle figurant des paysages accompagnés de calligraphies narratives. À la première impression, on pourrait penser qu’il s’agit d’une pièce historique monumentale montée sur un dispositif d’exposition avec rétroéclairage. En examinant le tout de plus près et en découvrant l’envers du décor, on constate que les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être.

Biennale majeure en art actuel sur la scène canadienne, Manif d’art – La biennale de Québec présente le travail de plus de 100 artistes provenant de tous les horizons. En plus des expositions, l’événement offre une pléiade d’activités évoluant autour d’un thème central, exclusif à chaque édition. Depuis sa première présentation à l’automne 2000, plus de 50 organismes culturels ont contribué à faire de ce festival international un rendez-vous incontournable. Manif d’art – La biennale de Québec offre une vaste programmation qui plaît tant aux curieux qu’aux spécialistes. Manif d’art 9 – La biennale de Québec est réalisée en collaboration avec le MNBAQ.

Crédit : Xu Bing Studio

Crédit : Jonathan Allen