Le projet
Festival de l’inattention – Une proposition de Sophie Lapalu
Les 7, 8 et 9 septembre prochains se tiendra la seconde édition du Festival de l’inattention, une initiative de la docteure et commissaire française Sophie Lapalu. Acceptant l’invitation de L’Œil de Poisson, celle-ci réactive ce projet dans les rues adjacentes au centre. Le quartier St-Roch se verra ainsi ponctué d’œuvres de Juliane Charbonneau, Amélie Deschamps, Clara Freeman, Steve Giasson, Timothée Messeiller, Fabrice Gallis (en collaboration avec Patrice Loubier), et du Collectif Ambitieux.
En 2004, le président-directeur général de la chaîne Télévision française 1 (TF1) fait scandale en affirmant vendre du « temps de cerveau humain disponible à ses annonceurs ». Les contenus dits « culturels » produits par cette chaîne ne sont destinés qu’à attirer l’attention en vue de vendre plus cher les pages publicitaires. L’attention s’affirme comme une nouvelle forme de rareté ; quantifiée, elle représente une véritable économie en passe de reconfigurer nos modes de production et de communication. À une époque où les contrats musicaux se négocient en fonction du nombre de vues des clips sur YouTube, la question se pose : quelle est la valeur d’une œuvre sur laquelle ne se porte aucune attention ? Un travail artistique peut-il passer inaperçu ?
Les artistes du Festival de l’inattention s’emparent de ces prérogatives en portant leurs interventions sur ce qui souvent nous laisse indifférents : une mouche morte, une carte de visite égarée, un graffiti, une conversation a priori sans queue ni tête… Le public est ensuite convié à partir à la recherche de l’œuvre en acceptant de la croiser par hasard, de se tromper ou de la manquer. Ce festival hors les murs proposera autant d’actions que de rencontres fortuites, inattendues et inopinées.
Le public pourra néanmoins passer en galerie récolter quelques indices. Tous les soirs, un bar du quartier sera désigné à titre de lieu de discussion permettant d’échanger avec les artistes à propos de ce qui aura été perçu… ou non.
***
Remerciements
La commissaire offre ses plus sincères remerciements à Angeline Ostinelli, l’espace Glassbox (Paris), Émilie Roi, Charles-Étienne Brochu, ainsi qu’à toute l’équipe de L’Œil de Poisson.
À propos de l'artiste
Festival de l'inattention
Sophie Lapalu – Commissaire
Sophie Lapalu est diplômée de l’École du Louvre (Paris) et de l’École du Magasin (Grenoble). Parmi les expositions qu’elle a organisée, il est possible de compter A Secret Poet (Jeffrey Perkins) (La Vitrine et le CAC Bretigny, Paris, 2011), D’échec en échec sans perdre son enthousiasme (YGREC, Paris, 2012), Cargo Culte (Jardin d’Agronomie Tropical du Bois de Vincennes, Paris, 2013), L’île (Centre Culturel Français, Karlsruhe, 2013) et Pretty Vacant (Villa Renata, Bâle et La Chaufferie, Strasbourg, 2013).
En 2014, elle publie De l’action à la conversation en collaboration avec Jean-Christophe Norman. L’ouvrage se présente comme une série d’entretiens et de textes critiques sur les actes artistiques et leurs conditions de visibilité.
ARTISTES
Juliane Charbonneau
Julianne Charbonneau s’intéresse aux rapports que nous entretenons avec les objets et leur signification symbolique et remet en question les conventions qui les entourent. Sa pratique est limitrophe à l’art et au design.
Amélie Deschamps
Amélie Deschamps est une artiste métamorphe dont la pratique ne se limite à aucun médium. Elle use de différentes formes visuelles, sonores et sensorielles pour témoigner de son approche ethnographique. C’est en immersion qu’elle travaille, d’abord avec l’écriture d’un synopsis, puis à l’aide de la vidéo, la sculpture, l’installation, le son, la lumière, la performance, la ventriloquie, etc. Ses observations traduites à travers sa pratique artistique tendent à déboussoler le spectateur, qui se retrouve plus souvent qu’autrement acteur de l’œuvre qu’il croit découvrir de l’extérieur. La nature insaisissable du travail de Deschamps engendre un fort aspect collaboratif, d’abord avec ses sujets, mais aussi avec d’autres artistes.
Clara Freeman
Artiste sporadique et buissonnière, Clara Freeman s’adonne aux loisirs de l’objet perdu et de l’art trouvé. Entre écriture, intervention furtive et art conceptuel, son oisiveté créatrice habite les occasions de l’existence quotidienne.
Steve Giasson
Steve Giasson est un artiste conceptuel et docteur en Études et pratiques des arts de l’Université du Québec à Montréal. Il vit et travaille à Montréal. Dans sa pratique, l’idéation est mise de l’avant et se double d’un rejet ferme du décoratif et du spectaculaire.
Son travail a été présenté dans onze pays nord-américains et européens dans le cadre de cinq expositions solos et de plusieurs expositions collectives dont la Liverpool Biennial 2012, le Text Festival 2011 et 2014 (Manchester) et ED RUSCHA BOOKS & Co. au Museum Brandhorst (2013, Munich) et à la Gagosian Gallery (2013, New York City, 2015, Paris et 2016, Beverly Hills).
Il compte vingt livres et brochures d’artiste et de poésie à son actif.
Il est le lauréat du Prix de La Vitrine culturelle pour un artiste émergent et d’une Mention du Cirque du Soleil décernés dans le cadre d’Art Souterrain 2015.
Timothée Messeiller
Timothée Messeiller est né à Vevey, en Suisse. Il travaille et vit à Montréal. Il a reçu son bachelor en beaux-arts de l’Ecole Cantonale d’Art du Valais en 2012 et son Master en beaux-arts spécification Fibres de l’université Concordia en 2016. Le travail de Messeiller se situe à la limite entre l’art et le design. Usant de dispositifs installatifs, de même que des média aussi variés que la performance, la sculpture ou le dessin, la pratique artistique de Messeiller tend à questionner le statut de l’artiste comme artisan et ses répercutions sociales au sein de l’espace de monstration artistique.
Fabrice Gallis
Fabrice Gallis est en quelque sorte
plombier
climatologue
caissier
chauffeur
installateur
frigoriste
cuisinier
capitaine de corvette…
Patrice Loubier
Critique d’art et professeur au Département d’histoire de l’art de l’Université du Québec à Montréal depuis 2009, Patrice Loubier a signé de nombreux textes dans des périodiques, des ouvrages collectifs et des catalogues d’exposition, en s’intéressant notamment à l’art d’intervention et aux nouvelles formes d’art public. Avec Anne-Marie Ninacs, il est d’ailleurs à l’origine des Commensaux, programmation spéciale du Centre des arts actuels Skol (Montréal) consacrée à ce type de démarches en 2000-2001.
À titre de commissaire, il a aussi contribué à plusieurs expositions telles la troisième édition de la Manif d’art (en 2005, sur le cynisme, avec André-Louis Paré) ou Espace mobile (en 2008, à VOX centre de l’image contemporaine, avec Marie-Josée Jean). Plus récemment, il s’est penché sur des pratiques picturales actuelles en réalisant des expositions monographiques avec, successivement, Martin Désilets (Martin Désilets. Entre des fragments de choses, d’espace et de temps, à la Maison des arts de Laval en 2012) et Mario Côté (Tables d’écoute, Galerie Trois Points, Montréal, 2013 ; Musée régional de Rimouski, 2015) sur leurs productions respectives.
Ses projets de recherche actuels gravitent autour des pratiques furtives en arts visuels contemporains (auxquelles il consacrait une résidence-exposition au Centre des arts actuels Skol en 2012) et des rapports entre œuvre d’art et description verbale.
Collectif Ambitieux
Le Collectif Ambitieux, composé de Kaël Mercader et d’Anne-Christine Guy, travaille le dialogue. Leur récente collaboration joint l’image et l’écriture en cherchant à produire des oeuvres où les deux arts se répondent et se magnifient l’un et l’autre dans leur interaction.